Shibuya, donné comme le plus fréquenté des passages piétons du Monde ...
Comprendre
une ville, c’est en saisir l’orientation, l’espace, l’essence (ou les sens) en
quelques jours. C’est ce qu’un collègue d’une de mes anciennes entreprises
m’avait appris fort utilement, alors que nous arrivions en mission à Nairobi en
1989.
Saisir Tokyo,
ses 23 entités, sa mégalopole de 30 millions d’habitants, semble là bien un
défi.
Du 45ème
étage des tours de l’Hôtel de ville la vue circulaire que l’on a, comme de la
Tour Eiffel pour Paris, ne suffit pas à embrasser l’agglomération, malgré le
mont Fuji qui nous semble proche, tout en étant à 133 km de là.
Non la ville
ne se laisse pas embrasser facilement, geste d’ailleurs mal vu dans l’espace
public. Les amoureux doivent se retenir (*). Ce n’est donc pas ici que
j’imiterais Robert DOISNEAU et son fameux cliché du « Baiser devant l’Hôtel de Ville » de 1950 !
(*) Pour
interdire de fumer dans les espaces publics, on affiche : « Please refrain to smoke »
soit : « S’il vous plait,
retenez-vous de fumer » ; toute l’élégance japonaise...
Une architecture étonnante qui doit résister à tous les risques !
J’essaie d’imaginer la carte mentale que peuvent réaliser ces adorables petits enfants
de trois à cinq ans, beaux comme des anges et apprêtés comme un dimanche, que
l’on croise dans le métro avec leurs mamans (plus souvent que les papas), dans
cet univers étourdissant.
Comment
peuvent-ils élaborer leur carte spatiale, ce que tout enfant construit jour
après jour par ses découvertes, avec de telles images éparses et cette absence
d’unité, tellement l’univers qu’ils découvrent est immense ?
Cette grande
ville n’a pas toujours été la capitale du pays. Elle a succédé à Kyoto en tant
que telle en 1603, sous le nom d’Edo et pris le nom de Tokyo en 1868.
Pour contrer
les influences occidentales, le pays resta fermé aux étrangers du XVIème au
XIXème siècle, sauf un quartier de Yokohama, le port proche de Tokyo.
Les étrangers
ne pouvaient pas y entrer et les Japonais quittant le pays ne pouvaient plus y
revenir. Ces mesures édictées par des Shoguns autoritaires, visaient à contrer
l’expansion grandissante du christianisme dont le prosélytisme se répandait en
Extrême-Orient.
1868, c’est
l’ère Meiji, du nom de son empereur (1852-1912). Il instaura l’abandon du système féodal qui
régnait depuis plus de 400 ans et ouvrit le pays vers l’extérieur. La société
s’occidentalisa et le pays y gagna en développement économique et sociétal.
Le séisme de
Kanto, grand tremblement de terre du 1er septembre 1923, qui tua
70 000 personnes à Tokyo et 400 000 dans la plaine environnante, reste
le plus important dans l’Histoire du Japon.
La plupart des
victimes décédèrent brulées dans leurs maisons de bois, à l’heure où
chauffaient les cuisines. Puis les semaines suivantes, à l’initiative de la
police une rumeur infondée se répandit sur ces ruines, que des Coréens avaient
empoisonné les puits. 6 000 d’entre-eux furent lynchés.
Une maison survivante au cataclysme de 1923. Était-ce déjà une librairie ?
Toutes les vertus de la culture comme support ...
Sur les
cendres de cette ville détruite, le Japon trouva la force de se reconstruire,
dans un élan nationaliste qui traversa le siècle et qui reste fort aujourd’hui.
L’urbanisme de la ville fut totalement revu et ses méthodes de construction
plus adaptées aux risques. Pour mieux résister aux tremblements de terre et aux incendies,
l’on adopta définitivement le béton armé.
En conclusion, l’on comprend bien
que la proximité historique de ces mutations fait du Japon d’aujourd’hui, un
pays certes très moderne, mais encore profondément traditionnel dans ses
fonctionnements sociaux et culturels.
Funasa, une boutique de préparation de poisson dont le secret
est tenu de père en fils depuis six générations. Le jeune patron nous reçoit.
Nous avons donc retrouvé dans ce
grand labyrinthe nos amis Tsutomu et Nahoko.
Accueil chaleureux, attention
débordante et guides parfaits, ils nous ont intégré pendant une semaine dans
leur quotidien. Cette cinquième semaine de voyage, aura été totalement
différente des quatre précédentes. Nous aurons fait moins de visites, mais nous
aurons fréquenté à profit, ce qui fait la vie quotidienne de certains Tokyoïtes.
Pour l’histoire, ce descendant
d’une lignée de samouraï , dont le
clan a été fondé au XIVème siècle, nous a emmenés sur les ruines du palais
impérial de l’ère Edo, dont ne reste qu’un grand jardin ceinturé de douves et
la base d’un imposant donjon de pierre.
Suite logique, nous avons enchaîné
par la visite du nouveau musée d'Edo, très didactique et remarquablement
illustré.
Le musée d'Edo, encore une architecture étonnante
La maitresse de maison, en très
bonne cuisinière a voulu nous faire goûter à des dizaines de spécialités, le
tout bien arrosé. Normal : sa famille est connue comme une vieille maison
d’élaboration de saké, dans la préfecture de Sandaï (200 km au nord de Tokyo),
fondée en 1790.
Excellente cuisine, bonne ambiance, la baguette totalement inhabituelle,
est là pour nous faire plaisir.
Bien des choses à raconter, mais entre autres :
Connaissez-vous l'histoire du chien Hachiko ?
Je vous invite à aller voir à cette adresse internet https://fr.wikipedia.org/wiki/Hachik%C5%8D.
Mais vous avez sans doute vu le film qui a été tiré de cette belle histoire : "Hatchi".
Rosita et Nahoko près d'Hachiko
Les combats de sumô se tiennent les mois impairs de l'année.
Les Japonais sont des inconditionnels de ce sport, à la fois dans la tradition shinto et spectacle divertissant. Chacun y a ses idoles, dans un engouement qui ne se dément pas quand on voit le nombre de personnes à attendre à la sortie du Kokugikan Sumo Hall. Ce sera à qui bénéficiera, d'un autographe de son idole, ou d'une photo.
Nous nous sommes joints à ces groupies ...
Des bébés de 90 à 160 kilos, voire dépassant les 200 kilos
Un petit sourire ...
Et pour coller à la tradition, l'essayage d'un kimono s'imposait.
L'aide d'une habilleuse est indispensable et nous avions en Masoko, une spécialiste.
Nous prenons l'avion demain matin. Je terminerai le récit de ce voyage la semaine prochaine, par un bel endroit Nikko, à 140 km au nord de Tokyo que nous avons visité le 22.
Superbe voyage. Le Japon est toujours fascinant par cette symbiose de la tradition et de la modernité, une alchimie qui perdure de nos jours pour la plus grande joie de ceux qui ont la chance de découvrir ce pays aux multiples visages. j'ai eu la chance de le visiter dans les années 90 et je retrouve des lieux familiers qui n'ont pas pris une ride. J'attends la suite.
RépondreSupprimerBises à vous deux. François.