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samedi 26 mai 2018

d'Edo à Tokyo

Avant de quitter ce sol japonais qui nous a beaucoup offert, une petite page qui sera prolongée à la maison ...

Shibuya, donné comme le plus fréquenté des passages piétons du Monde ...


Comprendre une ville, c’est en saisir l’orientation, l’espace, l’essence (ou les sens) en quelques jours. C’est ce qu’un collègue d’une de mes anciennes entreprises m’avait appris fort utilement, alors que nous arrivions en mission à Nairobi en 1989.
Saisir Tokyo, ses 23 entités, sa mégalopole de 30 millions d’habitants, semble là bien un défi.
Du 45ème étage des tours de l’Hôtel de ville la vue circulaire que l’on a, comme de la Tour Eiffel pour Paris, ne suffit pas à embrasser l’agglomération, malgré le mont Fuji qui nous semble proche, tout en étant à 133 km de là.
Non la ville ne se laisse pas embrasser facilement, geste d’ailleurs mal vu dans l’espace public. Les amoureux doivent se retenir (*). Ce n’est donc pas ici que j’imiterais Robert DOISNEAU et son fameux cliché du « Baiser devant l’Hôtel de Ville » de 1950 !
(*) Pour interdire de fumer dans les espaces publics, on affiche : « Please refrain to smoke » soit : « S’il vous plait, retenez-vous de fumer » ; toute l’élégance japonaise...



 Une architecture étonnante qui doit résister à tous les risques !


J’essaie d’imaginer la carte mentale que peuvent réaliser ces adorables petits enfants de trois à cinq ans, beaux comme des anges et apprêtés comme un dimanche, que l’on croise dans le métro avec leurs mamans (plus souvent que les papas), dans cet univers étourdissant.
Comment peuvent-ils élaborer leur carte spatiale, ce que tout enfant construit jour après jour par ses découvertes, avec de telles images éparses et cette absence d’unité, tellement l’univers qu’ils découvrent est immense ?

Cette grande ville n’a pas toujours été la capitale du pays. Elle a succédé à Kyoto en tant que telle en 1603, sous le nom d’Edo et pris le nom de Tokyo en 1868.
Pour contrer les influences occidentales, le pays resta fermé aux étrangers du XVIème au XIXème siècle, sauf un quartier de Yokohama, le port proche de Tokyo.
Les étrangers ne pouvaient pas y entrer et les Japonais quittant le pays ne pouvaient plus y revenir. Ces mesures édictées par des Shoguns autoritaires, visaient à contrer l’expansion grandissante du christianisme dont le prosélytisme se répandait en Extrême-Orient.
1868, c’est l’ère Meiji, du nom de son empereur (1852-1912). Il instaura l’abandon du système féodal qui régnait depuis plus de 400 ans et ouvrit le pays vers l’extérieur. La société s’occidentalisa et le pays y gagna en développement économique et sociétal.
Le séisme de Kanto, grand tremblement de terre du 1er septembre 1923, qui tua 70 000 personnes à Tokyo et 400 000 dans la plaine environnante, reste le plus important dans l’Histoire du Japon.
La plupart des victimes décédèrent brulées dans leurs maisons de bois, à l’heure où chauffaient les cuisines. Puis les semaines suivantes, à l’initiative de la police une rumeur infondée se répandit sur ces ruines, que des Coréens avaient empoisonné les puits. 6 000 d’entre-eux furent lynchés. 

 Une maison survivante au cataclysme de 1923. Était-ce déjà une librairie ?

Toutes les vertus de la culture comme support ...

Sur les cendres de cette ville détruite, le Japon trouva la force de se reconstruire, dans un élan nationaliste qui traversa le siècle et qui reste fort aujourd’hui. L’urbanisme de la ville fut totalement revu et ses méthodes de construction plus adaptées aux risques. Pour mieux résister aux tremblements de terre et aux incendies, l’on adopta définitivement le béton armé.
En conclusion, l’on comprend bien que la proximité historique de ces mutations fait du Japon d’aujourd’hui, un pays certes très moderne, mais encore profondément traditionnel dans ses fonctionnements sociaux et culturels.

 Funasa, une boutique de préparation de poisson dont le secret 
est tenu de père en fils depuis six générations. Le jeune patron nous reçoit.

Nous avons donc retrouvé dans ce grand labyrinthe nos amis Tsutomu et Nahoko. 
Accueil chaleureux, attention débordante et guides parfaits, ils nous ont intégré pendant une semaine dans leur quotidien. Cette cinquième semaine de voyage, aura été totalement différente des quatre précédentes. Nous aurons fait moins de visites, mais nous aurons fréquenté à profit, ce qui fait la vie quotidienne de certains Tokyoïtes.

Pour l’histoire, ce descendant d’une lignée de samouraï , dont le clan a été fondé au XIVème siècle, nous a emmenés sur les ruines du palais impérial de l’ère Edo, dont ne reste qu’un grand jardin ceinturé de douves et la base d’un imposant donjon de pierre.
Suite logique, nous avons enchaîné par la visite du nouveau musée d'Edo, très didactique et remarquablement illustré. 

 Le musée d'Edo, encore une architecture étonnante

La maitresse de maison, en très bonne cuisinière a voulu nous faire goûter à des dizaines de spécialités, le tout bien arrosé. Normal : sa famille est connue comme une vieille maison d’élaboration de saké, dans la préfecture de Sandaï (200 km au nord de Tokyo), fondée en 1790.

 Excellente cuisine, bonne ambiance, la baguette totalement inhabituelle,
 est là pour nous faire plaisir.

Bien des choses à raconter, mais entre autres :

Connaissez-vous l'histoire du chien Hachiko
Je vous invite à aller voir à cette adresse internet https://fr.wikipedia.org/wiki/Hachik%C5%8D.
Mais vous avez sans doute vu le film qui a été tiré de cette belle histoire : "Hatchi".

Rosita et Nahoko près d'Hachiko

Les combats de sumô se tiennent les mois impairs de l'année.


Les Japonais sont des inconditionnels de ce sport, à la fois dans la tradition shinto et spectacle divertissant. Chacun y a ses idoles, dans un engouement qui ne se dément pas quand on voit le nombre de personnes à attendre à la sortie du Kokugikan Sumo Hall. Ce sera à qui bénéficiera, d'un autographe de son idole, ou d'une photo. 
Nous nous sommes joints à ces groupies ... 

 Des bébés de 90 à 160 kilos, voire dépassant les 200 kilos

Un petit sourire ...


Et pour coller à la tradition, l'essayage d'un kimono s'imposait.

 
L'aide d'une habilleuse est indispensable et nous avions en Masoko, une spécialiste.



     Nous prenons l'avion demain matin. Je terminerai le récit de ce voyage la semaine prochaine, par un bel endroit Nikko, à 140 km au nord de Tokyo que nous avons visité le 22.
 
 

samedi 19 mai 2018

Kamakura, ville zen

    Kamakura est une petite ville d'environ 120 000 habitants à une cinquantaine de kilomètres au sud de Tokyo. Reste à savoir ce que l'on appelle le centre de cette plus grande métropole du Monde, avec ses 30 millions d'habitants, disons la gare centrale.
     C'est notre dernière étape avant de retrouver demain, nos amis Tsutomu et Nahoko, au bout d'un des quais de cette immense gare.
     Kamakura est une ville intéressante, riche d'une histoire essentielle dans celle du Japon.
Elle a été le siège du gouvernement central aux XIIIème et XIVème siècle.
L'architecture y a été bien préservée, avec 65 temples bouddhiques et 19 sanctuaires shintos.
Nous avons  croisé cet après-midi dans l'un d'eux un mariage dans la tradition shinto.

C'est samedi ... le jour des mariages


     La cérémonie est austère et solennelle, 
accompagnée d'une musique qui l'est tout autant.

     Comment distinguer les temples bouddhiques des sanctuaires shintos ?
     Les premiers sont d'une architecture (bois en l’occurrence au Japon, sauf exceptions) sans coloration, excepté les fresques et les tableaux, alors que les seconds sont de couleur vermillon. L'espace sacré des sanctuaires shintos, est matérialisée par des torii, alors que les temples bouddhistes sont ouverts, l''entrée en est marquée par les statues des gardiens aux expressions agressives.

     L'on retrouve par analogie, une même démarche des croyants, dans les religions. L'on vient au temple comme à l'église, ou à la mosquée, chercher le réconfort de ses incertitudes, les indulgences des prieurs, l'absolution de ses fautes, la communion collective de ses croyances.
     Seules nos cultures, nous ont élevés et enseignés dans l'une ou l'autre de ces religions. Et puis la maturité, la science, la philosophie, la raison et la laïcité, nous en ont pour certains éloignés.

     En observant les nombreux visiteurs de ces temples durant notre voyage, j'ai aimé les regarder avec un déférent respect, du plus indifférent visiteur au plus dévot d'entre eux.

 Les ablutions des mains et de la bouche pour se purifier

 L'on tire au sort, pour 100 yens (80 centimes d'euro), 
une prédiction (onmikuji) ... heureuse, on la garde dans son portefeuille ...

 Sinon, on l'accroche en papillon, pour que  la chance tourne.

     D'entre les temples de Kamakura, le plus célèbre est celui de Daibutsu, où trône en extérieur un imposant bouddha, sur le modèle de celui de Nara, mais plus petit (11 m 40).



     Le vieux temple le Kencho-ji, nous a le plus séduit. Est-ce le fait que nous l'avons visité en fin d'après-midi, loin des foules? Peut-être. Toujours est-il qu'il y régnait une atmosphère de plénitude, dans un cadre superbe.

 Sa porte d'or

 le Kencho-ji,

 Et son arbre de Jupiter de 760 ans

      De notre "récolte du jour", j'aurais pu vous parler encore des quatre autres temples que nous avons visités et de la très belle maison d'un prince du XVIIème siècle, mais cela pourrait sembler fastidieux à certain.
     Le blog a pour but de montrer par l'image surtout, quitte à susciter bien des interrogations. Elles alimenteront nos discussions à venir, de vive voix, ou par la toile.

     Demain Tokyo. Je ne suis pas sûr de trouver le temps de nourrir ces pages avant notre retour.
     Nos marathoniens d'amis ont dû nous préparer un programme chargé et au pas qui est le leur. Aussi je remets à cette fin de mois, la ou les pages terminales.

    Allons ouvrir quelques photos.

Entrée de temple et bel arbre en nuages


      Nous sommes au royaume des chaussures plus grandes que sa taille, ou de la sandale japonaise. Explication : l’on se déchausse sans cesse. Au temple bien entendu, mais aussi à la maison.
 

     Zori, geta ou chikatabi, la chaussure traditionnelle japonaise se porte par contre uniquement à l'extérieur. Souvent rehaussée pour éviter les salissures elle est très légère (en bois de paulownia) afin de permettre une marche aisée.
      Le repas du midi est souvent assuré par le bento. On en trouve généralement dans les gares, de tous genres, les boutiques de bento, rivalisent d'originalité pour ne pas en faire un menu standard.

La présentation y est soignée.
    
     J'aurais pu vous parler aussi des écoliers. Des plus petits qui (quatre ans environ), qui prennent bus et trains seuls, aux plus grands qui se comportent comme tous les ados du monde. 
     Toujours est-il que l'uniforme est de rigueur. Mais l'ordre et la discipline, n’empêchent pas un peu de fantaisie !
      Et toujours de belles rencontres.