La Loire comme ligne de départ |
PREMIER DÉPART
: LA RETRAITE ?
J'ai rejoint il y a quatre ans, puis bientôt
dans quelques jours Rosita, le corps de
réserve, la vieille garde, celle des grognards qui pensent encore être rappelés
un jour ; tellement ils étaient utiles, sages, nécessaires,
indispensables...
Mais faut-il y croire ? Faut-il l'espérer ?
- Non ne rêvons pas, mieux vaut l'exil !
Après quarante
deux ans d'activité, j'avais un vendredi soir rangé convenablement mon bureau,
pour faciliter le travail de la femme de ménage le lendemain.
J'avais mis dans des cartons à archives
mes derniers reliefs du travail qui m'avaient nourris pendant tant d'années (je
pensais aux employés de Lehman Brothers en septembre 2008), j'ai éteint mon
ordinateur, salué mes collègues et je me suis retrouvé en voiture sur la
route de la maison... Ainsi s'arrête-t-on un jour de travailler.
Premier départ d'une nouvelle vie !
Maniaque de mes petits carnets et en me
retournant je faisais un point sur le passé, comme pour mieux réorienter le cap ;
la circonstance était opportune.
J'aurai donc participé de près, ou de
loin, sinon à la tête, à 166 projets dont trois de trois années chacun (Zaïre,
Irak et Arabie Saoudite), ceci en 23 ans et six entreprises. Que de voyages
déjà !
J'y ajoute bien entendu 436 autres
projets durant les près de dix huit années de gérance du BET NEAU, que j'ai
créé pour résoudre mon propre chômage. J'y ai ajouté une année
"bonus", pour aider mes repreneurs.
Ces affaires m'auront apporté parfois
bien des soucis, jusqu'à en devenir même malade et en être repêché in extremis du
bout d'un bistouri bienveillant.
Dix huit ans de projets à l'étranger
donnent une vision du monde différente de celle d'un fond de jardin ! Mais
aucun microcosme n'est négligeable sur cette vaste terre si négligée des
hommes.
Les causes défendues quand j'avais vingt
ans, restent (hélas !) étonnamment d'actualité, qu'elles soient environnementales
ou politiques (préservation de la nature, des ressources, des droits
fondamentaux, de la paix du Monde). Mes convictions d'alors, jugées comme
marginales, s'avèrent aujourd'hui essentielles ; le combat continue.
Héritier de
cette part d'Humanité qui fait les peuples nomades, de ces homo sapiens
transfuges de ceux qui se sédentarisèrent il y a 15 000 ans, j'aurai voyagé le
monde et rencontré ceux qui habitent tant bien que mal un grand espace de 252°
de longitude et 101° de latitude.
Nous vivons une époque extraordinaire,
l'on peut aujourd'hui voyager en une vie, plus que nos ancêtres en 7 millions
d'années !
Pour nous le voyage entrepris garde
quand même un goût d'inachevé et la Loire toute proche, intemporelle et
perpétuelle, véritable inspiratrice du temps qui passe et de l'évasion, nous le
rappelle chaque jour.
Parti un beau matin du 19 août 1970 avec
mon duvet et mon sac à dos, je n'avais qu'une vague idée de ce que j'allais
découvrir à Paris. J'ai commencé par monter sur la Butte Montmartre et depuis je
n'ai, comme dit le Bouddha, fait que continuer à monter : "Quand tu arrives en haut de la montagne, continue
de grimper. Une fois au sommet, ne t'arrête pas, continue".
J'ai aimé en 1990 revenir en Anjou,
comme les (déjà) vieux éléphants sur les lieux de leurs naissances. J'y ai
retrouvé ma tribu gauloise, ma famille et les qualités relationnelles qui font
qu'avec ses semblables, même à demi-mot l'on se comprend.
Je n'ai jamais eu par caractère, de
nostalgie du temps qui passe, bien que passionné par l'Histoire; non plus de
regrets : en avoir, traduit déjà la vieillesse; alors non merci!
Rosita vient se joindre à moi, pour un
repos qu'elle n'aura pas usurpé. Nous essayerons d'être plus attentifs que
jamais aux autres, aux enfants et aux petits-enfants ... une généalogie descendante
à perpétuer. Une page se tourne, reste à en bien illustrer les suivantes. Nous
allons maintenant nous y employer.
Par ce blog, je vous tiendrai au courant
du temps qui passe et de la contemplation que nous en ferons.
Je vous parlerai des pays et des hommes
restant à découvrir derrière la ligne d'horizon et qui m'intriguaient petit, en
allant chercher le soir, la luzerne des lapins avec mon père.
Je vous raconterai les tréfonds
lointains des temps passés, dans la recherche toujours inaboutie de nos
ancêtres.
Non je ne bats pas en retraite, non je
ne me réfugie pas dans une quelconque retraite, non je ne fais pas non plus la retraite
de ma dernière communion.
Entendez les clairons et les tambours,
pour nous ils ne sonnent pas la retraite de la Garde, mais un nouvel engagement,
ça s'appelle encore la Vie. Elle s'impose
d'elle même, elle est l'instinct de notre survie.
Bien sûr je n'ignore pas ces abnégations
naturelles qu'impose l'âge, ni l'inexorable vieillesse, ce naufrage
irréversible qui fait se succéder les générations, la généalogie me ramène sans
cesse à ces réalités là. Mais il faut avancer
encore, la tête hors des eaux troubles et des courants qu'on nous impose, cela
vaut le coup quand même !
Le message est collectif, mais nous pensons
bien à vous tous mes amis, ensemble et individuellement.
Je voulais écrire un message à partager,
comme une galette d'Épiphanie, dont j'avalerais la fève. Prenez soins de vous
et de ceux que vous aimez.
En route pour ce premier voyage et à
bientôt
Jean-Luc
Pour conclure ma réflexion, rubrique de
circonstance, je ne résiste pas à vous donner à lire ces beaux quatrains de la
Comtesse de Noailles (1876 - 1933).
Lorsque tu
ne seras, dans quelque humble retraite,
Qu'un homme vieux et fatigué;
Lorsque sera terni le charme que te prête
Ton beau sourire triste et gai;
Quand ton oeil studieux dont la langueur
observe,
Et même semble discuter,
N'aura plus sa rêveuse et vigilente verve,
Et son bleu calice éclaté;
Quand nul ne fera plus tinter à ton
oreille,
L'éloge que tu réclamais,
Songe, ô futur cadavre, éphémère merveille,
Avec quel excès je t'aimais !
Voilà une excellente nouvelle et une très belle première page. Je l'inscris de ce pas dans mes favoris et j'attends avec impatience la suite. Longue vie à toi et à ton blog, cousin !
RépondreSupprimerMerci Dominique; nous avons hâte de vous recevoir à la maison, mais attendons que Rosita prenne ses marques.
RépondreSupprimerc'est un plaisir que de lire votre blog, de faire ainsi plus ample connaissance. Je vous souhaite ainsi qu'à Rosita de beaux voyages remplis de richesse à la rencontre des gens.
RépondreSupprimerBravo Cousin !