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lundi 29 mai 2017

Vilnius, espoirs et désespoirs de 1812

Le passage du Niémen



Juin 1812, Napoléon rassemble près de 500 000 hommes de 20 nations à Kaunas, où nous étions encore samedi matin. Il veut faire entendre raison à l’empereur de Russie Alexandre 1er, qui ne respecte pas le traité de Tilsit, en continuant à faire du commerce avec les Anglais.
La Grande Armée est en marche. Elle traverse le Niémen, peu après avoir pris Vilnius, le 28 juin.
 C’est l’été et cette armée plus importante en nombre et mieux équipée, marche sur Moscou de victoires en victoires. Première erreur, selon les historiens de cette période : marcher exclusivement sur Saint-Pétersbourg, la capitale plus proche, eut été un meilleur choix. L’armée russe (200 000 hommes), pratique la « terre brulée » et le repli. Les victoires semblent plus faciles et plus effectives.
Après les succès de Smolensk (le 17 août)  et de La Moskova (Borodino pour les Russes, le 7 septembre), Moscou est prise le 14 septembre. La Grande Armée ne compte plus que 100 000 hommes. Hors les nombreux tués, il y a beaucoup de prisonniers. Certains feront souche en Russie.
Le repli, dans Moscou incendié tactiquement par le nouveau général en chef russe, le vieux maréchal Koutouzov, commence dans la débâcle et le froid précoce. C’est à partir du 18 octobre, la retraite. Deuxième erreur : avoir sous-estimé l’hiver précoce et terriblement froid en Russie.
C’est Smolensk à nouveau et l’attaque frontale de Koutousov, puis le terrible passage de la Bérézina. Très vite les hommes et les chevaux meurent de faim et de froid (-30°). Certains trouvent refuges dans les carcasses des chevaux morts pour ne pas mourir gelés.

Mais il faut faire court sur un blog et non cours professoral… Je laisse à ceux que cela passionne la lecture d’une littérature surabondante sur le sujet. Les 1 700 pages (courage !) de Guerre et Paix de Léon Tolstoï suffisent à retrouver cette épopée tragique. Plus près de nous, Bérézina de Sylvain Tesson, et en plus court.
Les derniers débris de cette Grande Armée ne sont plus que 35 000, quand ils échouent épuisés dans la ville de Vilnius, à la mi décembre, les cosaques sur leurs talons.
 En quelques jours 30 000 meurent d’épuisement, de leurs blessures et de maladies (les poux et la syphilis ont sévi).
En 2002, les hasards d’un terrassement au nord de la ville, font découvrir un charnier. Aussitôt les soupçons se portent sur les nazis durant la deuxième guerre mondiale, ou le KGB depuis.
Les archéologues découvrent par des boutons et des morceaux de tissus, certains frappés de numéros de régiments qu’il s’agit de soldats napoléoniens.
En 2003, un mémorial a été inauguré pour regrouper les restes de ces 1 700 soldats et de plus de 1 000 autres sépultures retrouvées. 

Le mémorial aux soldats de la campagne de Russie, morts à Vilnius
 Cette visite dans le cimetière d'Antakalnis  au nord-est de la ville, le Père Lachaise de Vilnius a été émouvante, sous ce fort soleil de mai. 
Elle vient clore notre poursuite de l’épopée tragique des campagnes napoléoniennes, durant notre voyage.


Jean-Luc ce 29 mai



1 commentaire:

  1. Voilà déjà 15 jours que vous avez quitté les rives ligériennes mais quel périple depuis! Votre blog est passionnant et surtout à propos de Napoléon et de son expédition militaire à travers l'Europe...Il a bien mérité son surnom d'ogre quand on observe l'effectif des soldats qui ne sont jamais revenus sur leur terre natale...et pour quel résultat! Certains de nos ancêtres ont eu la bonne idée de faire souche là-bas, cela leur aura évité sans doute de périr de faim, de froid, de maladie...et des cosaques. Je me souviens avoir lu que l'incendie de Moscou qui a obligé Napoléon à rentrer en France a été commandé par son gouverneur Rostopchine ui était le père de notre célèbre comtesse de Ségur...Les malheurs de Sophie sont bien loin des malheurs de cette épouvantable retraite de Russie. Quelle Bérézina! Merci de réveiller nos souvenirs d'Histoire de France et continuez de nous faire rếver avec images et textes circonstanciés. Quant aux beaufortais que vous avez rencontré, Mr Taugourdeau a réalisé notre passage de garage et mme a été la directrice de l'école Sye Anne quand j'étais moi-même directeur de M. Genevoix. A bientôt pour de nouvelles aventures. Nous vous suivons avec grand plaisir. Amitiés. Jean et Geneviève

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