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Le passage du Niémen |
Juin 1812,
Napoléon rassemble près de 500 000 hommes de 20 nations à Kaunas, où nous
étions encore samedi matin. Il veut faire entendre raison à l’empereur de
Russie Alexandre 1er, qui ne respecte pas le traité de Tilsit, en
continuant à faire du commerce avec les Anglais.
La Grande
Armée est en marche. Elle traverse le Niémen, peu après avoir pris Vilnius, le
28 juin.
C’est l’été et cette armée plus importante en
nombre et mieux équipée, marche sur Moscou de victoires en victoires. Première
erreur, selon les historiens de cette période : marcher exclusivement sur
Saint-Pétersbourg, la capitale plus proche, eut été un meilleur choix. L’armée
russe (200 000 hommes), pratique la « terre brulée » et le
repli. Les victoires semblent plus faciles et plus effectives.
Après les
succès de Smolensk (le 17 août) et de La
Moskova (Borodino pour les Russes, le 7 septembre), Moscou est prise le 14
septembre. La Grande Armée ne compte plus que 100 000 hommes. Hors les
nombreux tués, il y a beaucoup de prisonniers. Certains feront souche en
Russie.
Le repli,
dans Moscou incendié tactiquement par le nouveau général en chef russe, le
vieux maréchal Koutouzov, commence dans la débâcle et le froid précoce. C’est à
partir du 18 octobre, la retraite. Deuxième erreur : avoir sous-estimé l’hiver
précoce et terriblement froid en Russie.
C’est Smolensk
à nouveau et l’attaque frontale de Koutousov, puis le terrible passage de la Bérézina.
Très vite les hommes et les chevaux meurent de faim et de froid (-30°). Certains
trouvent refuges dans les carcasses des chevaux morts pour ne pas mourir gelés.
Mais il faut
faire court sur un blog et non cours professoral… Je laisse à ceux que cela
passionne la lecture d’une littérature surabondante sur le sujet. Les 1 700
pages (courage !) de Guerre et Paix
de Léon Tolstoï suffisent à retrouver cette épopée tragique. Plus près de nous,
Bérézina de Sylvain Tesson, et en
plus court.
Les derniers
débris de cette Grande Armée ne sont plus que 35 000, quand ils échouent
épuisés dans la ville de Vilnius, à la mi décembre, les cosaques sur leurs
talons.
En quelques jours 30 000 meurent d’épuisement,
de leurs blessures et de maladies (les poux et la syphilis ont sévi).
En 2002, les
hasards d’un terrassement au nord de la ville, font découvrir un charnier.
Aussitôt les soupçons se portent sur les nazis durant la deuxième guerre
mondiale, ou le KGB depuis.
Les
archéologues découvrent par des boutons et des morceaux de tissus, certains
frappés de numéros de régiments qu’il s’agit de soldats napoléoniens.
En 2003, un
mémorial a été inauguré pour regrouper les restes de ces 1 700 soldats et
de plus de 1 000 autres sépultures retrouvées.
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Le mémorial aux soldats de la campagne de Russie, morts à Vilnius |
Cette visite
dans le cimetière d'Antakalnis au nord-est de la ville, le Père Lachaise de Vilnius a été
émouvante, sous ce fort soleil de mai.
Elle vient clore notre poursuite de l’épopée
tragique des campagnes napoléoniennes, durant notre voyage.
Jean-Luc ce 29
mai