L'aventure débuta en 1967,
par un voyage en auto-stop avec mon frère André (dont je ne louerais jamais
assez la bonne idée qu'il eut d'investir ainsi sa prime d'installation
d'instituteur), à destination d'Istanbul et à la découverte de la Grèce et de
l'Italie, durant 5 semaines.
Nous étions d'une famille
que seules les guerres avaient fait voyager : le papa S.T.O. dans les Sudètes
durant la Seconde Guerre Mondiale, le grand-père à Salonique, en Bulgarie et en
Serbie, durant la Première, voire un trisaïeul vers Moscou durant la campagne
de Russie en 1812... (dernière découverte : eh bien non, un coup de pied de cheval, alors qu'il était à Paris en 1811, l'a privé de cette ballade qui aurait ravi ses descendants... s'il en était revenu -ajout sept 2016).
Sur environ 200 pays,
entités administratives avant tout, nous en aurons visité un bon quart, pas
toujours dans la paix des nations non plus, vous verrez.
Les seules frontières qui
valent à nos yeux, ce sont celles des langues. Les frontières administratives
restent celles des douaniers et souvent de leurs tracasseries. Elles laissent
quand même quelques souvenirs, mais rarement les meilleurs.
Certains pays furent
visités une seule fois, surtout pour moi à l'occasion d'opportunités
professionnelles. Ces occasions-là m'ont toujours permis de m'évader quelques
jours pour découvrir les alentours... Les pays les plus proches, nous auront
donné l'occasion de plusieurs voyages, complétant et modifiant nos impressions,
corrigeant le plus souvent notre a priori tenace.
Gardons à l'esprit que les
souvenirs accumulés, ne sont que des visions fugitives. Elles n'ont qu'une
valeur temporaire, celle des années proches du voyage. Par exemple mes
premières impressions de Chine en 1996, n'avaient plus que valeurs de
comparaisons quand nous y sommes allés en 2010. Les souvenirs restent bons ou
mauvais, suivant les circonstances : la météo, les rencontres, l'état de santé
ou de fatigue, le contexte politique.
Alors en creusant ma
mémoire et en ressortant quelques photos, j'ai pensé à un abécédaire personnel,
où à la manière d'un jeu que je partageais avec mon frère dans notre
adolescence, les pays de nos escapades trouvent leurs places en face de chaque lettre de l'alphabet.
Voilà donc ce chapelet de cinquante années, un temps qui passe inexorablement, mais que l'on n'entend pas arrêter de si tôt.
Voilà donc ce chapelet de cinquante années, un temps qui passe inexorablement, mais que l'on n'entend pas arrêter de si tôt.
D'appréciation toute
personnelle, j'y ajouterais quelques étoiles pour l'intérêt que nous y avons
trouvé. Et comment ne pas se faire plaisir en y ajoutant une petite histoire
vécue, une anecdote.
Bon voyage ensemble.
l'abécédaire, de A à Z :
A
- l'Afrique du sud (2*), au temps de l'apartheid.
Un voyage en 1977, riche de
souvenirs heureux. Cette ségrégation, si bien organisée dans ses détails
quotidiens, n'a cessé alors de nous ahurir au fil des découvertes que nous
faisions.
Nous n'imaginions pas qu'il serait un jour
possible, que cette politique raciale se résolve dans des termes aussi apaisés.
Remarquables Nelson MANDELA et Frederik DE KLERK, qui menèrent à
bien ce miracle en 1991. Un autre voyage en R.S.A., serait certainement riche
d'étonnements pour nous.
Enfin, rien n'est vraiment résolu
aujourd'hui. Les pauvres restent majoritairement les "non blancs" et
les "blancs" sont toujours les plus riches.
Pour aller sur la cote de l'océan Indien, nous avions choisi de prendre le
train entre "Jobourg", (Johannesburg), comme disaient les expatriés
en Afrique, et Durban. Mais le train devait se réserver bien à l'avance. Un
wagon supplémentaire pour "white only", devait-être ajouté au train
pour "non blancs" (apprécions les nuances) en milieu de semaine. Le
préposés aux chemins de fer nous expliqua qu'il était beaucoup plus lent et que
nous y passerions la nuit et la matinée du lendemain pour faire les 550 kms du
trajet. L'une des raisons d'alors, était que la priorité revenait aux trains
réservés aux blancs, puis aux trains de marchandises et enfin aux trains pour "non
blancs", ce dont nous étions devenus.
Le voyage fut agréable en raison des échanges que nous avions dans ce
wagon. Les passagers s'ennuyant durant ces 16 à 17 heures de voyage...prenaient
plaisir à venir discuter avec nous. Ce fut Charles DUTOIT par exemple qui vint
nous parler de son ascendance huguenote française (qui n'en parlait bien sûr
pas la langue) et de son ancêtre arrivé dans les années 1650. Puis dans notre
compartiment une gentille petite bonne femme, fermière venant du Kalahari qui
entre ses pages de prières, partageait ses pâtisseries. Puritanisme prégnant,
décalé pour nous, mais somme toute compréhensible de la société encore boer
d'alors, elle s'évertuait à vouloir nous démontrer combien les noirs étaient
inférieurs aux blancs, la preuve disait-elle : c'est écrit dans la Bible !!!!
Bien que ne l'ayant pas lu aussi assidument qu'elle, je m'empressais de lui
répondre que dans notre version, aucun verset ne mentionnait une pareille
certitude ! La gentille dame s'enferma, sinon dans le déni, au moins dans un
doute profond.
Vint le soir. Puritanisme boer oblige, les hommes devaient pour la nuit se
regrouper dans les premiers compartiments et les femmes dans les autres. Je
manifestais mon désaccord, soutenu par certains passagers. Aussi fut-il convenu
qu'un compartiment nous serait réservé à Rosita et moi, malgré la gène du contrôleur
de devoir transgresser le règlement.
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