Nous avons toujours
voyagé durant nos temps libres, avec et sans les enfants (à pieds, en vélo, en
train, en voiture en avion). Personnellement j’ai orienté ma vie
professionnelle dans le BTP en changeant dix fois d’employeurs, en travaillant
durant 18 ans à l’étranger.
Mon temps libre me
permettait « d’explorer » mon environnement et les recrutements
d’employés m’immergeait dans le pays.
J’ai ainsi parcouru plus
de soixante pays, toute l’Europe, puis le Proche-Orient, le Moyen Orient
jusqu’au Pakistan et la Chine, les U.S.A. et enfin l’Afrique, chère et pauvre
Afrique hélas.
Voyager n'est pas pour
moi "faire un pays", ce qu'hélas l'on entend trop souvent.
Comme : « Cette année nous avons fait l'Espagne
! ». Cela suffit à m'exaspérer, j’y réponds le plus souvent : qu’"Effectivement, il y avait beaucoup à faire !
" ......pour qu'il ressemble à la France.
Alors s’il vous plait
arrêtez de "FAIRE des pays", ceux qui les habite ont déjà bien du mal
à y arriver et admettez quand même, comme nous le soufflait Nicolas : « Ce sont les pays que nous découvrons
qui nous font ».
Le
regretté Jacques LACARRIÈRE ( "Chemins
faisant" Edition Fayard 1977...à lire ! ) disait qu'il y a trois types
de personnes en mouvement :
- les voyageurs, ceux qui voyagent par
instinct.
- les voyagés, ceux qui voyagent par
nécessité.
- les voyageant, ceux qui voyagent, organisés
par un tiers.
Voyager reste pour nous
une quête constante d'impressions, d'émotions et de perceptions sensitives,
voire sensuelles. Les cinq sens sont en éveil. A la vue, à l’ouïe, au gouter,
au toucher et à l’odorat, j’y ajoute un sixième sens : le ressenti né de
l’instinct ; ce que les anglophone nommeront le « feeling ».
Ce que je perçois un jour
d'un endroit, n'a qu'une valeur relative, je sais que demain il sera différent.
Un lieu reste lié à un temps, celui que je vis dans l’instant du voyage. Mon
impression spontanée peut-être faussée j'en ai bien conscience, par mes
connaissances comme par mes sentiments, ou par l’humeur de l'instant, par le
temps qu'il fait. Le voyage est éphémère.
Je sais bien que l'exercice
qui consiste à ne pas avoir d'à priori de jugement, ne suffit pas à être un tant
soit peu objectif. J'aimerais pouvoir toujours voyager avec le doute, mais la
certitude rassure.
Les richesses d'un voyage
sont surtout l'apprentissage du nouveau, l’enrichissement des autres, le
ressenti qu’il soit le plus dur, comme le plus doux.
La saveur du voyage est
épidermique, faite d'odeurs inconnues, de langages et de musiques nouvelles, de
goûts surprenants, de couleurs et de lumières étonnantes.
Tout cela peut être
rassurant ou bien inquiétants, suivant la reconnaissance que l'on en a, mais
c’est l’épice du voyage au quotidien.
En voyage j'aime cette
dilatation du temps qui me le rend plus perfectible. Le temps m'a toujours
semblé élastique, celui du voyage me semble toujours plus long. En voyageant
ainsi je sais que j'ai gagné déjà quelques années de vie.
Les voyages ont cette
autre richesse c’est qu’ils sont tous différents.
Qu’ils nous emmènent au
bout du monde, ou qu’ils commencent dès que vous avez tourné le coin de la rue
ils sont déjà des promesses de belles rencontres et du pur jeu de hasard.
J'aime voyager en quête
des regards qui se suffisent à eux-mêmes et qui n'ont pas à en dire trop pour
se comprendre. Le sourire est une monnaie d'échange qui n'a pas de cours,
seulement une valeur de change. Il permet, comme pour mieux partager de se
rassurer de la douloureuse existentialité d'être.
Deux petits Tadjiks surpris de ne pas trouver la France sur leur atlas de l'Empire soviétiquePhotographier pour moi
est important, c'est avant toute chose capter les lumières et les sourires (ils
se confondent). L'appareil est un comme les capteurs de rêves amérindiens, il
fixe l'éphémère.
Depuis quelques années,
j’y ai ajouté ma passion du dessin et ai profité d’un voyage au Japon pour
réaliser un Cahier de voyage. Si l’état sanitaire du Monde le permet, j’envisage
un deuxième cahier du Maroc, pour suivre en cela le maître en la matière :
Eugène DELACROIX.
Les Rocheuses m'ont fait
réviser mes notions de montagnes. L’Afrique ceux des hommes et des femmes, nos
semblables, le Moyen-Orient l'importance des religions et des croyances, la
Chine la Corée, le Japon, celle des différences de concepts.
Voyagez, voyagez,
n'attendez à demain…